Maison Aimé Carl et fils à Dambach-la-Ville
"Par amour du bois"
Derrière ses épais murs de pierre, la maison Aimé Carl et fils, à Dambach-la-Ville, recèle un véritable trésor : une cave de la fin du 18e siècle renfermant des foudres de chêne entretenus avec
passion.
Le domaine Aimé Carl et fils est situé dans le cœur historique de Dambach-la-Ville, dans la rue Saint Sébastien. Une belle maison qui date de 1798. "Elle a été construite pendant la campagne
d’Alexandrie de Napoléon 1er " , explique Aimé Carl. Son grand père qui était vigneron dans la commune, l’a rachetée dans les années 1900 pour y aménager sa cave de vinification. Cette
magnifique cave, soigneusement entretenue, fait aujourd’hui encore la fierté de la famille Carl. Elle abrite les vins du domaine, qui mûrissent paisiblement dans les foudres de chênes ornés de
superbe sculpture. "Aujourd’hui encore toutes les vinifications sont faites dans le chêne".
Lorsque son père décède en 1970, Aimé Carl lui succède, après avoir travaillé durant des années comme aide familial. Son fils Alexandre s’installe à son tour le 1er septembre 1999, après avoir
terminé ses études au lycée agricole et viticole de Rouffach. Il est titulaire d’un BTA (brevet de technicien agricole) viticulture-œnologie.
Le jeune vigneron privilégie une manière de travailler proche de la nature. "Je pratique une viticulture raisonnée". Les vignes qui se répartissent sur les bans de Dambach-la-Ville, Scherwiller et
Dieffenthal, ne sont traitées qu’en cas de nécessité et la fertilisation est calculée en fonction des besoins de la vigne au moment de la taille. C’est aussi un adepte du labour : une rangée sur deux
est travaillée, l’autre étant ensemencée avec de l’avoine principalement. "C’est une technique que j’ai introduite lorsque je me suis installé. Je la préfère à l’enherbement ", explique-t-il. Il
travaille les rangs en alternance, un an sur deux, pour aérer le sol et éviter le tassement. "Cela permet à la vigne d’avoir des racines aérées, capables de puiser l’eau en profondeur. C’est très
important dans les années sèches".
"Nous respectons les cépages"
Les vendanges sont entièrement faites à la main, dans l’optique de rentrer des raisins de qualité optimale. "Dans les années pluvieuses, le tri est essentiel pour garantir une bonne qualité de la
matière première".
Même approche pour la vinification. "Nous respectons les cépages : le sylvaner et le riesling sont des vins secs et nous les vinifions en tant que tels. Il n’y a pas de raison de faire des riesling
doux"… Le domaine s’est modernisé, ces dernières années, avec un système de régulation des températures pendant la fermentation. "Cela nous facilite énormément la tâche et nous apporte un plus
sur le plan qualitatif", explique Alexandre Carl. Cela permet au vigneron de faire ressortir des arômes très particuliers, en donnant plus de rondeur au pinots gris et au gewurztraminer, et plus de
fruité au riesling.
La vinification en fût de chêne est beaucoup plus contraignante. Il faut entretenir les fûts en permanence, qu’ils soient pleins ou vidangés, explique Alexandre Carl. "Mais on obtient des arômes
qu’on ne retrouve pas dans l’inox". Son père évoque avec fierté ce fût de pinot gris qui décroche une médaille d’or ou d’argent à chaque concours. "Nous avons fait réaliser une sculpture en
chêne pour le valoriser. Il le méritait bien"…
"Prendre le meilleur des deux"
Pour la famille Carl, c’est un réel plaisir d’accueillir les clients dans une belle cave, ou chaque fût est orné de sculpture ou de clés originales. Au passage le père signale que les énormes poutres
et le torchis, en excellent état sont d’origine.
"Le fait de travailler avec mon père nous a permis d’allier modernité et tradition, de prendre le meilleur des deux pour améliorer la qualité de nos vins. Notre objectif est d’aller encore plus loin
dans la recherche de la qualité et de développer nos ventes en bouteilles".
La maison Aimé Carl et fils commercialise 40 % de sa récolte en bouteilles, le reste étant vendu en vrac à des négociants. Sa clientèle est composée de particuliers et de restaurateurs en France,
mais aussi en Belgique, en Allemagne et aux Pays-Bas. Ce sont essentiellement des habitués, livrés en direct tout au long de l’année. Cette fidélité porte ses fruits : "l’année 2005 c’est bien passé
sur le plan de la commercialisation, et nous sommes optimiste pour 2006. "
Anny Haeffelé 2006